Montbernage

À propos de la légende du chabichou de Montbernage
Ou l’histoire et la légende se confondent 

Montbernage, faubourg, sur la rive droite du Clain :
- Maubernage, 1451 - La Ceuille blanche aultrement Maubernage, 1582 - Montbrenage, 1693. Les formes les plus anciennes suggèrent un mot composé à premier élément mau, mauvais. Bernage est peut-être une forme du terme médiéval barnage baronnage, qui est connu aux sens de assemblée de barons, vassaux, vaillance, courage, sagesse, noblesse.... Mais quelle serait la valeur du composé, qui semble ironique ?
Cueille Blanche (la), partie haute du faubourg de Montbernage :
- la Colle Blanche, vers 1250 - Coilla alba, 1265 - la Coylle blanche, 1272 - la Ceuille blanche aultrement Maubernage, 1582. J’ignore pourquoi elle a été dite blanche.
Dictionnaire topographique du département de la Vienne, de l’archiviste Louis Rédet, publié en 1881.

Très anciennement Cullia Alba, la cueille blanche, en 1291, ce faubourg prendra le nom de Montbernage, mauvais Bernage. Bernage, petit ruisseau qui détruira un grand nombre de maisons suite à une crue en 1451*. 
Nom de certains lieux-dits employés autrefois : La roche à coquins, cure-bourse, le trou maudit, le champ des martyrs, la croix rouge...

Sur cette copie d'écran, on distingue la boucle provoquée par le dévalement des maisons depuis le haut de la côte de Montbernage sur le Clain, vers 1451 (information donnée par Jean lors d'une randonnée...) Dommage : la Voie Malraux nous bouche la vue, là aussi !)

Cueille Aiguë (la), faubourg attenant à celui de Montbernage :
Culla acuta, 1254 - Cuilleya acuta, 1300 - la Cueilhe aguë, 1456. L’ancien mot poitevin cueille, du latin vulgaire *collia, issu de collis "colline, hauteur", a été conservé en toponymie, appliqué généralement à des pentes raides. La forme locale aguë, relevée en 1456, a été francisée.
Nouvelle passerelle sur le Clain. 13 novembre 2012
Le Clain, depuis la nouvelle passerelle. 13 novembre 2012
La vallée au Loups. 1er mai 2012.
Parking entre les ateliers Syrinx et le Boulevard de la Digue. 1er mai 2012.
Place Montbernage. 
Y'a de l'orage dans l'air. Et toujours des fils électriques en veux-tu en voilà !
Place (Plan) de Montbernage. 22 avril 2012
Aboville et Notre Dame des Dunes. Une vue depuis la place de Montbernage. 22 avril 2012.
Depuis la Place de Montbernage, la rue Mirabeau, avec la Fée Mélusine en bas de la rue...
Chose que je n'avais pas remarquée : le CHU en arrière plan !
Nous sommes à 4 km (3,291 km à vol d'oiseau...)

La rue Mirabeau était autrefois la rue du Cimetière.  Quelqu'un aurait-il des informations sur ce sujet ?
La “Pénétrante”, vue de l'allée de la Clergeonnerie, un peu plus loin.
Lescalier des Dunes

Sainte Radegonde, côté boulevard

H I S T O I R E

Époque préhistorique
Des fouilles méthodiques ont permis de découvrir six chirons antiques avec ossements calcinés, poteries grossières et silex taillés.
Époque gauloise
Les Gallois font de Montbernage un camp retranché à l'abri d'un coup de main. On y trouve : la grotte des Gallois, le chemins des Gallois, le gué des Gallois.
Époque romaine
Construction de la ville de Limonium ; Poitiers. La carrière de pierres blanches, Cullia Alba, va servir de matière première qui sera acheminée par le gué des Gallois et la rue de Pouples jusqu'à la porte d'enceinte de la ville.
Des débris et monnaies romaines ont été découverts à Pépénéa (Pimpaneau). Soixante douze martyrs chrétiens y ont été enterrés au IIIe siècle.
Époque Mérovingienne
Alaric dispose ses troupes à Cullia Alba. Clovis les déloge en 507 et y installe les Francs. Saint Fortunat, évêque de Poitiers, se plaint des mœurs des Francs qui festoient et se livrent à la sorcellerie, aux présages, à la superstition.
Radegonde, épouse de Clotaire, reçoit les terres de Montbernage comme dépendance du couvent qu'elle fit bâtir en 550.
De nombreuses légendes y prennent jour :
    Légende des anges de Sainte Radegonde,
    Légende des portes de bronze de St Hilaire
    Le fantôme noir transparent de St Eloi
    Légende du pigeon blanc, etc.
Les Arabes à Montbernage
Les Arabes vont supplanter les Francs et laisser des traces de leur occupation : La rue d'Arabie, les brunettes de Montbernage, le chabichou (fromage de chèvre).
Charles Martel intervient en 732 et les Sarrazins vont partir en laissant la recette du fameux fromage.
Époque du Moyen Âge
En 1018, Poitiers et Montbernage sont détruits par un tremblement de terre suivi d'un incendie.
De grandes constructions sont entreprises : Le pont de Rochereuil en 1070, l'église de Montierneuf en 1077, Sainte Radegonde en 1099, la Cathédrale en 1162.
Le pape Urbain II prêche la croisade et passe à Montbernage en 1096 ; St Louis en 1242 et Philippe le Bel y passe à son tour en 1306.
En 1343, les Anglais pillent et brûlent Montbernage.
François Ier passera en 1519 et Rabelais en 1512.
Au siège de Poitiers en 1569, Destruction générale de Montbernage et incendie. L'amiral Coligny y installe son artillerie.
Époque moderne
Reconstruction de Montbernage en 1570.
Au XVIIe siècle, Montbernage accueille une folle jeunesse. Louis Marie Grignon de Montfort évangélise le faubourg en 1705. Il plante la croix rouge, fonde la confrérie de La Reine des Cœurs.
Sous la révolution, des prêtres réfractaires se réfugient dans les grottes du coteau et y célèbrent la messe. Citons Pierre Marie Joseph Coudrin qui se déguise, change de nom et que l'on appelle ''Marche à terre.'' C'est le fondateur de la communauté du Sacré Cœur de la Grand Maison. Le curé doyen d'Amboise est mort dans les grottes.
Cultes
Les cultes religieux ont remplacé peu à peu les cultes païens comme le culte des pierres mais, la ferveur s'étant estompée, il ne reste plus que le sanctuaire consacré par le Père de Montfort, Marie reine des cœurs pour accueillir pèlerins et chrétiens qui veulent prier et assister à la messe de la communauté locale le premier dimanche du mois à 9 h 30.
Ce faubourg au passé historique si riche, trop méconnu, mérite d'être parcouru lentement pour retrouver le parfum des siècles passés.
SOURCE : Bernard TEXIER. 05/2006

Une petite croix au coin de la rue Mirabeau/Place de Montbernage. 27 novembre 2011.
Elle a depuis été enlevée pour une restauration du mur sur lequel elle était posée, puis replacée au même endroit...

Attendez-mi-là :
C’est ainsi que la voix populaire a désigné autrefois un coin du cimetière de Sainte-Radegonde, à la Cueille Blanche*, où se trouvait “une grande et grosse pierre carrée ou tombe”. Là, en effet, se déroulait une cérémonie burlesque, dont certains participants attendaient régulièrement l'arrivée des autres. Chaque année, le mardi de Pâques, les chapelains et les bacheliers de Notre-Dame la Grande se dirigeaient processionnellement vers cette pierre, en surplis, précédés de la grande croix de l’église, pour y chanter un libera, prier pour les défunts et recevoir du curé de Montamisé un bélier vif , “garni en ses cornes” de neuf grains de poivre en un cornet de papier, trois têtes d’ail, un bouquet de serpolet et du sel, “pour faire la sauce”. On imagine l’hilarité des habitants des environs, qui ne devaient pas manquer un spectacle haut en couleur, et celle des badauds qui voyaient passer la procession du retour, avec son "bellard" plus ou moins agressif.
Cette cérémonie originale nous a été transmise par des pièces de procédure, les curés de Montamisé offrant à plusieurs reprises des animaux jugés maigres et non conformes, ou oubliant purement et simplement de se livrer en spectacle. Gérard Jarousseau, qui a analysé ces pièces, a trouvé trace de la “coutume” de 1463 à 1592 et il a constaté qu’en 1648 l’obligation de livrer un “bellard” était convertie en rente annuelle de deux livres dix sous. Les curés de Montamisé, qui souhaitaient cette conversion depuis longtemps, devaient respirer (BSAO, 3e trimestre 1965, tome VIII, p. 225-228). On s’interroge sur l’origine de cette mise en scène, digne des meilleures facéties des “bacheliers” du temps (1).
* La Cueille Blanche = Haut de Montbernage... Côte de Montbernage ?
La rue Mirabeau, en haut de la Côte de Montbernage, s'appelait autrefois la rue du Cimetière... Quelqu'un peut-il confirmer ? (Source : M. Robin, ancien habitant de cette rue).

(1) Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 3e trimestre 1965, tome VIII, p. 225-228.


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